dimanche 4 janvier 2009

Le savoir scientifique et la Connaissance...

Mon premier thème de réflexion en ce début d'année portera sur le savoir scientifique et sa nécessaire distinction d'avec la Connaissance, puisqu'il y a des hommes qui savent tout et ne connaissent rien !


La connaissance humaine en effet pose plusieurs problèmes, celui de sa nature, de ses moyens, de son extension, de ses limites et, surtout, celui de sa condition de possibilité. La constitution d'un savoir pose aussi le problème des fins (intéressées, désintéressées, simplement "théoriques", ou bien "pratiques" ?).

Appuyée sur la recherche permanente d'une objectivité strictement quantitative, sur l'expérimentation, la vérification , la formulation de lois et de théories, la science "moderne" (de type "galiléen") jouit en Occident d'un privilège dans l'opinion, apanage qui entraîne à son égard des discours ambigus, faits de fascination et de crainte.

Certains lui accordent même l'exclusivité en matière de connaissance de la vérité : connaître serait le privilège exclusif de la "science": on assiste alors, dans ce qu'il est convenu d'appeler le "scientisme" à une véritable mainmise de la science sur la vérité. l'expression "c'est prouvé scientifiquement" s'impose aux consciences peu informées comme s'imposait naguère l'autorité de l'Eglise dans des "dogmes" obligatoires. Mais il n'y pas de "dogmes" dans le Réel, il y a des lois, ce qui n'est pas du tout la même chose !

A l'autorité de l'Eglise s'est donc substituée dans le grand public celle des "chercheurs" et beaucoup considèrent une thèse comme vraie uniquement si elle est "scientifiquement" prouvée.

Il convient donc de s'interroger sur le sens d'une telle exclusive revendiquée de l'intérieur ou de l'extérieur.

D'abord : La science et son mode de connaître.

a) l'objectivité, l'universalité, la méthode expérimentale. l'exclusion de la qualité et la logicisation de la réalité amputent cette dernière de sa dimension "musicale", que seule la pensée symbolique, l'imagination et l'intuition intérieure non duelle sont capables d'appréhender.
b) les conséquences : la réduction du réel à la quantité mathématisable.
c) deuxième conséquence ; le succès technique, d'où le prestige, et le côté spectaculaire. Avec pour revers de la médaille, le ravage et l'exploitation de la nature naturée par ignorance de la nature naturante.

Ensuite : La remise en question de la science.

d) Galilée, "un génie qui découvre et qui recouvre" (Husserl). L'appareil d'objectivation de la science moderne repose sur une conception réductrice de la rationalité : la Raison réduite au « logique », et l'intellection réduite à la discursivité quantitative.
e) Le retour de la subjectivité refoulée : la méconnaissance de la dualité de l'apparaître condamne la science à la naïveté et induit la barbarie. (Henry
f) Les idéaux de la modernité sont des négations : Nietzsche (objectivité, pitié et égalité comme négations venant du ressentiment)
g) la pensée duelle comme échec de l'interprétation naturelle du monde : Shri Aurobindo et la vie divine. la connaissance intégrale et la surhumanité

Enfin : La connaissance intégrale implique une relativisation des méthodes scientifiques.

h) l'objectivité de la "science" est dispersive et la science ne peut faire l'unité des esprits (Comte). Comment peut-on prétendre connaître le réel en le fractionnant ? Nécessité d'une pensée de l'unité, et renouvellement des modèles cognitifs, en intégrant le paramètres "subjectifs" dans
i) La connaissance intégrale implique le désir (Platon) purifié de ses fantasmes infantiles de domination. Et "il faut aller au vrai de toute son âme".
j) L'enjeu ultime : les rapports de la connaissance et de l'être. La "science" moderne présuppose une conception de la connaissance réductrice : un "sujet" face à un "objet". Cette relation d'extériorité est abstraite et ne peut donc atteindre le cœur des choses. L'exclusion de nos tendances les plus profondes occulte l'aspect mystérieux de la raison et évacue le caractère problématique du réel, qui est, pour la science "évident". Pourtant, la Connaissance est possible, à condition que la "science", sous sa forme objectivante, ait l'humilité de reconnaître à la fois ses performances et ses limites : le savoir n'est pas la Connaissance.
k) La science est donc une des figures de l'extériorité de la connaissance et de l'être, et, pour cette raison, n'a pas les moyens de retrouver l'intériorité de la pensée à l'être (que l'art et la gnose posent comme présupposé). Cette finitude de la science est à la fois sa grandeur et sa misère : sa grandeur parce qu'elle lui permet de circonscrire son domaine propre, sa misère parce qu'elle l'installe dans une naïveté de principe. La science moderne enveloppe ainsi une ontologie implicite.



Le connaître humain est marqué par la finitude; il y a l'erreur et les contradictions. Mais il est aussi marqué, et ce plus fondamentalement, par l'accès au fond des choses, par la véritable objectivité, celle de , l'Intuition intellectuelle, qu'on a tort de nomme "métaphysique" car cela suppose un dualisme qui fait fi de l'unité et de la continuité du réel, et qui n'est qu'une projection de notre mental fini dans les structure infinie des choses..
La Connaissance a pour fonction la recherche de la vérité , le dévoilement de l'être, et la libération. Le réel est Etre, Conscience et Félicité.
Mais la science n'est pas toujours heureuse dans cette prospection : il lui faut procéder avec méthode et dissiper les confusions et les erreurs comme un explorateur qui doit chercher sa route : le malheur, c'est que le scientisme prétendait , à propos de la science, à l'absolutisation du relatif ! Or, les tendances scientistes ne sont pas mortes : elle travaillent des pans entiers de nos sociétés, alors qu'elles n'existent plus chez les vrais scientifiques, conscients de leurs droits et devoirs, et non de leurs « privilèges ».

Simplement, nous affirmons, contrairement à la naïve conception scientifique, que l'absolu nous est plus proche que n'importe quelle étoile : il nous est intérieur. Et la connaissance scientifique n'en dévoile que la face extérieure. Connaître n'est donc pas le privilège de la science.

Bienvenue aux réactions diverses et variées !

Bonne année d' Etre, de Connaissance et de Félicité à toutes et à tous ! Shanti (paix).


Gérard Farenc.

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